Apprendre d'oreille

Prenez le temps de lire jusqu’au bout ce texte, d’apparence fastidieux, vous gagnerez énormément de temps pour un apprentissage plus facile, plus satisfaisant et plus durable de la musique irlandaise dans la pratique de l’instrument que vous allez choisir. N’hésitez pas à nous faire parvenir vos remarques constructives sur ce texte. Il tente de décrire des expériences personnelles et répétées. Vous pouvez contribuer à l’effort pour surmonter les a priori et les idées reçues sur “l’apprentissage d’oreille”, et mieux faire connaître la musique irlandaise…

La méthode

Il faut avoir fait l’expérience qu’apprendre d’oreille, ce n’est pas apprendre d’emblée par cœur, mais :

  • Écouter l’animateur jouer un tout petit bout de mélodie (donc facile à reproduire tout de suite)
  • Reproduire ce fragment plusieurs fois tous ensemble et en rythme, en imitant au mieux, et forcément de mieux en mieux. Il s’agit juste de répéter tout de suite, sans l’obsession qu’on doit le savoir pour plus tard !
  • Refaire la même chose pour le petit bout suivant, toujours plusieurs fois
  • Et ainsi de suite jusqu’à la fin du morceau, en assemblant les fragments jusqu’à former des sections complètes

N.B. : Les morceaux que l’on apprend représentent deux à quatre lignes de partition. Autant dire qu’on arrive à la fin du morceau dans le temps de l’enseignement !

Ce qu’on observe en se prêtant à ce curieux rabâchage

Ça paraît bêta, mais faire cela plusieurs fois montre :

1. Qu’on mémorise :

  • de plus en plus vite ;
  • de mieux en mieux ;
  • en saisissant rapidement la dynamique, et l’intérêt, du morceau, toujours dans l’idée de reproduire tout de suite ce qu’on vient de commencer à apprivoiser

2. Qu’on améliore la mémorisation d’un même morceau de séance en séance par un phénomène concomitant de mémorisation passive.

Ce procédé, traditionnel dans bien des domaines, permet de mémoriser en peu de séances d’apprentissage, et pour longtemps, un morceau, puis un autre, etc.

Cela permet d’acquérir, toujours pour longtemps et de manière stable — facile à réactiver si on croit qu’on ne se souvient pas de tout —, de plus en plus de morceaux. Parallèlement, chacun de ceux-ci permet d’aborder des difficultés pour le jeu de l’instrument ET pour le style de l’interprétation.

Cerise sur le gâteau : les morceaux “rentrent” d’autant mieux qu’on ne les réexplore pas chaque jour, mais tous les deux ou trois jours : soit ça vous permet de pas culpabiliser au cours suivant, soit en alternant chaque jour les morceaux, vous pouvez en mémoriser bien plus !

Enfin, il faut savoir que la mémorisation devient de plus en plus facile et rapide à mesure que le cerveau intègre le “vocabulaire” musical propre à la musique irlandaise. On reconnaît les motifs qui reviennent, ils sont comme des mots que l’on a mémorisés et qu’il ne reste plus qu’à assembler. C’est toute la différence entre reproduire phonétiquement une phrase dans une langue inconnue, et répéter une phrase dans sa langue maternelle.

Preuve a contrario

Ceux qui ont une pratique du travail sur partition le savent bien : dans bien des cas, on peut avoir travaillé d’après la partition des dizaines, voire des centaines de fois, en la jouant bien, mais en restant incapable de la jouer de mémoire. Tout un chacun peut ainsi mémoriser des dizaines, et même quelques centaines de morceaux (très courts, rappelez vous…).

Il ne vous reste plus qu’à essayer !